Ou comment les femmes raisonnables négligent leur intuition

 

L’éducation que nous recevons, à la maison et à l’école, puis à l’université voire dans les grandes écoles, le monde de l’entreprise et même la « société » nous plongent « naturellement » dans le rationnel et la raison.

Ce faisant, nous finissons par opposer le raisonnement, la logique à l’intuition et même à faire taire cette dernière après l’avoir réduite au silence.

C’est bien dommage car notre vérité, c’est notre voix intuitive qui nous l’enseigne.

Lorsque nous donnons toute la place à la seule raison, nous prenons des décisions mais sont- elles bonnes pour nous et sont-elles vraies ? Parfois le doute s’exprime et difficile de le faire taire avec la seule raison.

Il serait tellement plus facile de choisir en combinant raison et intuition !

 

Enfant et raisonnable

 

Enfant, étais-tu une enfant raisonnable ? 

Je me souviens que je l’étais. A l’époque j’en était très fière puisque je recherchais l’admiration de mes parents. Je me souviens même que j’en rougissais…

Mais que voulait-dire être une enfant raisonnable ?

  • Aller au devant des souhaits voire des besoins des parents : leur souhait que nous ne fassions pas trop de bruit, que nous ne posions pas de problème, que nous soyons gentilles, que nous réussissions à l’école,…

Ce faisant, nous mettions sans nul doute nos souhaits profonds et nos besoins en sourdine et n’avons appris ni à les reconnaître ni à les entendre. Nous avons fermé les écoutilles vers l’intérieur et ne les avons ouvertes que vers l’extérieur.

  • Adopter facilement le point de vue des adultes : « Fais tes devoirs avant d’aller jouer », « Reste dans le jardin : dans la rue c’est dangereux », « Ne fréquente pas cette copine, ce garçon : elle n’est pas sérieuse, il n’est pas assez bien pour toi », « Fais des études de médecine, d’ingénieure, de droit… : tu auras un bon métier »

Ce faisant, en étant docile, difficile de développer notre personnalité, de proposer un avis autre et surtout de le soutenir et passer pour impertinente, de poser problème, de déclencher un conflit… et au final prendre le risque d’être réprimandée et peut être même perdre l’amour de nos parents.

 

Adulte, professionnelle et encore raisonnable  

 

Nous entrons donc sur le marché du travail en femmes très professionnelles pour exercer un métier certes intéressant et valorisant mais dont le sens n’est pas questionné..

Pas étonnant, puisque nous avons suivi des conseils et ne nous sommes pas écoutées. Pour sûr, il n’est pas simple d’avoir la bonne idée de métier sans être guidée autrement que par la crainte parentale pour notre futur et ensuite d’être la seule à défendre son point de vue !

Nous voilà donc dans une entreprise à exécuter des tâches, faire des projets qui font essentiellement travailler notre cerveau. Car nous sommes avant tout des intellectuelles !

Et bien sûr, nous progressons et finissons même par nous prendre au jeu : dans le fond, les défis ça nous connaît ! Nous raisonnons bien, sommes courageuses, engagées, fiables,..

Il nous arrive de taire les questions qui viendraient se poser en notre fort intérieur : de toute façon, nous n’avons pas d’alternatives.  : il faut bien continuer.

Et les années passent…  Il se trouve que nous progressons et même réussissons. Notre ego est plutôt content. Mais qu’en est-il de notre cœur, de notre âme ?

Et si « être professionnelle » consistait à être et rester raisonnable dans le monde du travail ?  Rester dans le rang, faire ce qu’on nous dit de faire même si les délais sont trop courts et les objectifs tellement élevés.  

 

Comment les défis changent de sens  

 

Un jour, un événement, un dossier, une parole de trop et le raisonnable perd tout son sens.

Et c’est là que la raison laisse la place à la petite voix intérieure : « Mais pourquoi donc es-tu là ? », « Quel est le sens de tout cela selon toi ? »

La raison acquiesce et la petite voix refuse.

La raison dit : « oui aux objectifs, oui au travail sans relâche dans l’urgence, oui à l’engagement total, oui au manager, oui à tout ».

La petite voix dit : « non aux objectifs débiles, non au travail qui épuise pour une reconnaissance, un respect, une « récompense » tout à fait insuffisants, non à une vie professionnelle qui éteint la femme, la mère, la compagne, pour un confort matériel qui sacrifie l’amour et la santé,.. »

Bien sûr, cette voix intérieure parle doucement au début.. Au passage,  nous nous souvenons l’avoir entendue quelques fois dans le passé.. et d’avoir passé notre chemin. Nous avions trop à faire. En fait, nous avons fait le gros dos et laissé la tempête passer.. car il y en a eu de tempêtes… bien sûr ! Mais les femmes trop raisonnables, trop courageuses sont de très bons marins par gros temps..

Et la voix forcit. Un jour, elle prend tout l’espace intérieur. Elle prend tellement de place que la raison ne parvient plus à s’exprimer.

 

Que la raison partage la place avec l’intuition !

 

Cette petite voix c’est le cœur qui parle, qui exprime nos émotions refoulées, nos sentiments cachés, les vraies questions éludées, qui fait la synthèse de cette part du passé réduite au silence.

Maintenant libérée, elle surgit de toute sa force contenue.

C’est un peu comme si nous avions été sourdes à notre guidance intérieure. Nous suivions les chemins tracés par d’autres pour nous. D’ailleurs à force de ne pas être entendue elle avait presque fini par se taire. Jusqu’à ce dernier soubresaut, où elle choisit de hausser le ton.

A ce moment-là, nous comprenons qu’il convient, qu’il faut, même, stopper et prendre un virage.

Ainsi, après avoir passé le début de notre vie à la mettre en veilleuse, nous prenons enfin la décision d’aller en quête de ce que notre intuition veut nous dire.

C’est un nouveau départ : nous avons compris que la raison nous maitrisons et que l’intuition n’est pas notre conseillère. Qu’à cela ne tienne, c’est notre prochain défi : l’apprivoiser pour en faire une véritable alliée puisque la raison ne suffit pas.

Si elle suffisait :

  • nous aurions choisi une autre voie, celle qui nous convenait direct !
  • nous aurions moins laissé les autres décider pour nous
  • nous aurions fait d’autres choix, plus vibrants !

Alors en route, c’est le moment d’évacuer les doutes et faire place à notre vérité personnelle.

Et si nous apprenions à allier ces 2 approches ? Ce sera l’objet du prochain article…

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